Bonjour
Je vous propose aujourd’hui le récit de ma dernière virée en montagne, au Port De Larrau (1570M)
Çà a bien failli ne pas se faire : jusqu’en fin d’après- midi de ce 30 octobre j’ai hésité, voiture chargée. En effet, deux sites météo disaient nuit claire, et deux autres voyaient des nuages. Vers 17h, Météociel changeait d’avis. Il restait Météoblue qui me crispait depuis la veille avec une prévision de seeing pourri. Cependant, le site affichait « nuages bas » et en même temps une altitude de 1570m. Cette contradiction m’a incité à ne pas en tenir compte, et c’est ainsi que nous voilà partis, à 18h, mon fils Axel, 13 ans, et moi, direction le Pays Basque….trois heure et demie de route. Nous ne pouvons pas être en retard, la Lune se couchant vers minuit .Axel fait passer le trajet en lisant des Astérix avec le plafonnier passager- gênant, mais il faut bien qu’il s’occupe…
Finalement, nous arrivons au col, éclairés par un croissant de Lune. Bonne surprise, contrairement au 25 du mois, pas un camping-car, pas âme qui vive sur le parking. Une brise de nord faible nous y accueille….bizarre, la prévision était : vent de sud, soirée et nuit. Température douce, dans les 10 degrés, ciel clair.
Nous nous habillons donc en astrams , et je commence le montage du scope,(Orion 300 Truss Tube) non sans avoir installé Axel dans la voiture pour un bon somme jusqu’au coucher de Lune. J’en aurais bien fait autant, mais tout d’un coup, horreur ,au zénith les étoiles décrivent des ellipses dans un sens ou dans l’autre , bref, un phénomène vibratoire .Desserrer les barres d’assemblage, les resserrer dans un ordre différent, rien n’y fait. Démonter le scope, le remonter, idem ! Ah, je vois que le miroir, ne reposant au zénith que sur les ressorts de collimation, entre en résonnance dès que je touche le tube. La solution : comme la vis de collimation du bas ne sert jamais à rien, il suffit de la visser un peu plus et de brider avec le contre écrou, pour voir le phénomène cesser d’un coup ! Ouf !enfin une image normale, agréablement fixe. Reste juste à faire la collimation.
Rassuré, j’observe un peu la Lune, déjà basse, à 180x, puis un petit repos dans la voiture en attendant l’heure
Minuit ! Je réveille Axel qui, n’ayant aucun souci, dormait comme une buche. Un bon Supradyne boost au gout d’orange pour le réveiller, et c’est parti pour une nuit d’observation.
A cette heure tardive, le ciel d’été est en grande partie couché. Même M15, au bout de Pégase, est déjà bas, joli tout de même à 180x.
La brise est tombée, laissant une atmosphère confortable : douce et sèche.
Que regarder après minuit ? La galaxie du Sculpteur NGC253, toujours spectaculaire compte tenu de sa taille apparente ; un petit coup d’œil au globulaire juste en dessous NGC288. Uranus, encore bien placé, fort convenable à 220x (pas essayé plus fort) signe d’une turbulence plutôt faible.
Tiens, évidente au zénith, M31, au Nagler 12 (125x). Je la montre à Axel, lui désignant les 2 bandes d’absorption, parfaitement visibles…
-« Mais je ne vois rien ! » proteste-t-il
Une fois, deux fois….cinq fois, en recentrant à chaque fois, je reste zen, mais lui se sent en situation d’échec…pas bon ça !
-« ouais, je ne vois rien, je suis comme Papy, c’est nul ! »
Aï, aï, aï, en plus, 13 ans, c’est le début de l’adolescence…
Du coup, je lui montre M110 , Parce que quand c’est bloqué……. !
Mais la terre tournant, M31 revient dans le champ.
-« Ça y est, je les vois, je les vois !!! »
Tellement rassurant, pour le père comme pour le fils !
Surfant sur ce succès, nous partons sur M33. Je lui parle (rien de neuf mais il faut y revenir) de vision décalée .Il voit ainsi les bras, souvent délicats à observer, et NGC604, très visible il est vrai.
De là, la galaxie NGC7331 n’est pas loin, sans problème, mais je garde pour moi le Quintet de Stephan pour ne pas prendre de risque .J’espère pouvoir positionner les galaxies par rapport aux photos .Hélas, il faudra attendre des conditions exceptionnelles, je crois.
Tant qu’à être de ce côté-là, je décide de partir sur Mayall ll, amas globulaire géant d’Andromède, déjà repéré au Restefond en septembre ; Depuis un astérisme très visible au-delà de M32, le cheminement n’est pas dur quand on connait déjà le champ ; C’était plus laborieux la première fois ; J’utilise deux cartes de champ trouvées sur internet (j’en ai jeté deux, il faut trier) à deux échelles différentes. La difficulté principale (au moins pour moi) reste de passer de 55x à 220 ou 315x sans se perdre dans le changement d’échelle. Justement là, je ne vois rien, je ne comprends pas ; Je bouge un peu le scope et là bingo : le triangle allongé de trois étoiles et, non loin, la petite tache brillante et les deux étoiles plus faibles qui lui font les « oreilles de Mickey » comme sur les photos !!
Beaucoup plus petit à l’oculaire que le Vagabond Intergalactique NGC2419, mais paradoxalement bien plus brillant, malgré l’énorme différence de distance .Il faut dire qu’il parait que Mayall ll fait le double d’Omega Centauri, il aurait dans les 10 millions d’étoiles, il y a des raisons pour que ça brille, même à 2.5 millions d’a.l. Je suis content de l’observation, mais je ne tente pas de montrer à Axel, et à 315x ça bouge vite !
Des cibles comme Orion, la Rose de Caroline NGC7789, l’amas de galaxies de Persée Abell426 (à 125x) ou la N.P. NGC40 dans Persée sont des cibles plus appropriées.
3h du matin ,le vent, plein sud, s’est finalement levé ,et finit par devenir gênant . Axel qui baguenaude autour me signale que 6m plus loin il n’y a pas de vent. Faisant presque ma taille cette année, il m’aide à transporter le scope, en le posant tous les mètres. J’en suis juste quitte pour refaire la collimation.
Donc, depuis cette nouvelle place, ayant fait suivre tout le matériel, nous recommençons l’observation, un peu à l’inspiration. Axel m’avait déjà demandé M81 et 82, je l’ai fait patienter en attendant que ça soit assez haut. Il a plaisir à revoir un objet bien connu !
Quelques galaxies (NGC891, 1023, 2403) sont moins distrayantes, moins ‘’ parlantes’’ pour lui. Intéressantes tout de même.
Les Gémeaux étant suffisamment hauts, j’y trouve plein de cibles qu’il connait déjà, tels le Sapin de Noel NGC2264, la Variable de Hubble NGC2261, et, nouveau à ce grossissement, l’Esquimau NGC2392, très lumineux, dont la structure interne se révèle à 350x ; entre autres …
De nombreux autres objets défilent, bien sûr.
Je note en particulier à l’est de Sirius le Casque de Thor NGC2359 , à 88x avec l’OIII,dont on voit bien sûr le casque et les 2 ailes, mais aussi les autres extensions opposées aux ailes dont une seule clairement délimitée , en vision décalée, les autres d’aspect ‘’nébuleux’’.
Remarquable également quoique peu lumineuse, la nébuleuse de la Tête De Singe NGC2174, dans Orion, bien visible, quoique nous ne pouvons pas faire la relation avec son nom.
Malheureusement, le vent tourne de plus en plus au sud-ouest. Là, plus d’endroit abrité ,ça finit par faire vibrer l’image m’obligeant à bouger le Sharan pour faire écran, mais peu à peu cet écran finit par être insuffisant.
L’aube arrive. Pour l’observation de Jupiter, je colle vraiment le Sharan au scope et même ainsi, lors des fortes rafales, il fait faire des pauses .Axel est particulièrement gêné, n’ayant pas l’habitude d’attendre, comme quand on cherche des trous de turbulence. Et justement, la vue est correcte jusqu’à 220x, avec la GTR au méridien. Axel, peut- être perturbé par le vent n’arrive pas à la voir, alors que je la trouve évidente. Après un bon moment, et de la persuasion, il la voit et même bien !. Il faut reconnaître que sa teinte est bien pâle en ce moment. Cerise sur le gâteau, l’ombre d’Europe apparait sur la bande centrale claire.
Nous pouvons donc aller nous coucher dans le Sharan pour quelques heures de repos.
Au réveil, le vent a encore forci, nous allons voir l’endroit où Gérard33 s’était abrité du vent deux jours auparavant, en Espagne après le tunnel. Effectivement c’est très abrité ! Reste à voir s’il y a un effet sur la turbulence. Le relief protecteur étant proche et peu élevé, il est possible que ça ne génère que peu de turbulence, à vérifier…ceci dit, quand on n’a vraiment pas le choix…mais déménager en cours de nuit, c’est difficile. J’ai choisi ce col sur carte car il est plus haut que le pays alentour (nord et sud) pour éviter la turbulence due au relief (à l’exception notable du Pic d ‘Ory au nord-ouest), mais en contrepartie, c’est exposé à tous les vents, on ne peut pas tout avoir !
Nous observons les vautours fauves et les milans royaux tout en pique-niquant, puis nous entamons le retour. En débutant le descente du col, nous voyons tout-à-coup un grand vol de grues cendrées, ces grands échassiers migrateurs, qui tentent de passer en Espagne. Le bel ordonnancement du vol se trouve tout de suite ruiné par les rabattants .Les oiseaux essayent de reprendre de l’altitude un peu plus loin, mais les rabattants se traduisent, entre autres, par une forte descendance. Nous les voyons, épuisées, retourner vers la France pour se reposer quelque part, en attendant de pouvoir retenter. J’en suis fatigué pour elles !
Voilà, encore une bonne nuit d’observation à la montagne !
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.