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L'ouest au soleil couchant
Le sud bien dégagé
Au nord un hangar agricole contenant parfois d'énormes tracteurs à réservoir de 600l de gasoil
Au nord est, la forêt de pins est proche
Ce soir nous avons rendez-vous au fin fond des Landes où le ciel est bien noir.
J’entame les deux kilomètres de chemin de terre menant au site.
J’ai les jumelles prêtes…les voilà ! Deux chevreuils traversent le chemin et pénètrent dans un petit bouquet de pins sur la droite. J’arrête la voiture à leur hauteur. Ils sont restés proches, mais dans les fougères, désormais brunes, seul le haut du corps dépasse. Je bouge la voiture pour bien voir…un beau mâle, un brocard en bois de velours.
Il se laisse admirer, n’ayant pas peur de la voiture. Aux jumelles, je le vois vraiment bien, avec son museau noir d’encre. Il finit par s’éloigner d’un pas tranquille. Depuis le temps que j’essaie de faire cette observation !
Mon chemin est rectiligne, et traverse des champs immenses. Au dernier petit bois, deux autres chevreuils, des chevrettes. Elles ne s’éloignent guère, et j’ai tout loisir de les admirer.
Il faut dire que c’est bien moins speed que sur la route où il faut d’abord réussir à les éviter. Hier soir, Bob , en rentrant du site, en a vu un de tellement près qu’il a vraiment cru le percuter. C’est passé ric rac, il a eu chaud !
J’arrive sur le site. Côté nord, les bois ne sont pas loin, alors que dans les autres directions, les champs sont tellement
Immenses que rien ne borne la vue.
Cette fois, j’ai prévu une pelle, et je me mets tout de suite à enlever les bouses de vache qui nous ont contraint à une grande prudence dans nos déplacements la veille.
Bientôt Bob arrive et nous montons dans le pré les 300 et 400.
Le soleil se couche, et dans le crépuscule, Vénus se met à briller comme un phare, accompagnée du point plus faible de Mercure. Un beau duo. Au télescope, ça s’avère trop turbulent, il vaut mieux contempler à l’œil nu ou aux jumelles.
Avant la nuit, il reste du temps pour le casse-croûte et le coup de fil aux familles.
19H15, le ciel étoilé est bien fourni, les étoiles bien brillantes, belle Voie Lactée, fond de ciel bien noir, ça devrait correspondre aux prévisions de bon seeing de Météoblue, au moins pour les premières heures.
La température a chuté à 0°c, quasiment pas de vent.
Nous commençons tous les 2 à chercher la NEP NGC 1510 dans la Girafe.
Au premier abord elle parait sombre, mais une fois accoutumés, en vision décalée, on distingue un cercle extérieur clair, l’intérieur plus sombre, et l’étoile centrale, faible.
Du coup nous restons dans les NEP avec NGC40 dans Céphée. Des parties extérieures plus claires sont discrètes mais la centrale est évidente.
Avant qu’Andromède ne bascule à l’ouest, je décide d’explorer ses amas globulaires les plus brillants.
Tout d’abord Mayall II. J’ai maintenant l’habitude. Je suis ma carte de champ au 31mm, pas à pas, jusqu’au bon endroit. C’est là que ça se joue car on ne peut pas voir l’environnement de l’amas à ce grossissement. Il faut passer à la carte de champ précise, maintenir le centrage, et changer vite l’oculaire (le nouveau étant dans ma poche). A 315x, si je suis centré, je retrouve les environs de l’amas, et l’amas lui-même comme une petite tache brillante entourée de deux étoiles (au premier plan).
Je passe à G 76, bien plus proche de M 32, facile à trouver mais de magnitude 14,2. Une carte de champ précise me permet de la différencier d’une étoile proche, de magnitude équivalente.
Entre temps Bob, découragé et agacé abandonne la recherche de Mayall II, que je lui montre dans mon 300. J’essaie aussi le 8mm Delos et constate que ça reste très visible à 188x.
Que regarder maintenant ? J’ai préparé ma sortie comme le mois précédent, j’ai un listing heure par heure sur un paquet de feuilles agrafées, mais c’est prévu pour une nuit complète, et là, nous avons 6H d’observation prévues, ce qui n’est déjà pas mal. Je vais chercher des idées dans mes feuilles et d’autres ailleurs.
D’abord une visite de courtoisie à Uranus-même à 188x, je le trouve turbulent.
Nous entendons les chevreuils qui font d’étranges aboiements en cette saison. Je préfère quand les brocards se défient bruyamment de la voix, sur l’air de « c’est moi le plus couillu ! ». Au loin, les chouettes hulottes fond un fond sonore. Hier nous avions des vols de grues cendrées, des cris de hérons, ça change. En octobre nous avions les sangliers qui rejouaient « règlement de compte à ok corral » pour savoir qui serait le chef. J’aime beaucoup cette ambiance animale, ça rajoute de la vie à l’observation.
Nous regardons maintenant wz Cassiopée, une belle double colorée orange et bleue, vue dans Astro.mag.
La comète Lovejoy est arrivée au méridien. Nous la regardons de toutes les façons possibles. Le mieux pour révéler la faible chevelure semble être les jumelles, ou le 31mm sur le 400 sky vision de Bob.
22h00 température moins 3°c, tout est givré. Les sèche-cheveux travaillent surtout sur les oculaires, chercheurs et points rouges.
Je me fais un parcours loisir : M31, Orion, et M33 dont je scrute les spirales diffuses, sauf celle qui contient NGC604, qui est plus nette. Egalement sous Orion, dans le Lièvre, la Cramoisie de Hind dont la teinte me semble faiblir de nouveau, et, plus bas, l’amas globulaire M79 que l’on voit granuleux.
Bob a un problème récurrent et pernicieux de buée sur le paracorr. Un truc de plus à surveiller.
Il s’étonnait justement de mal voir le Casque de Thor (NGC2359, Grand Chien) alors que je le vois bien en 300mm !
Nous visitons divers classiques au petit bonheur la chance, mais il faut reconnaitre que la buée sur les optiques fait perdre pas mal de temps et dès qu’on tourne le télescope il faut faire suivre la lourde batterie au plomb et le sèche-cheveux.
23h00 Pendant que j’observe une carbonée d’Orion, une brise plus douce arrive du sud. AÏ aï aï, ça devait arriver : venant sur un matériel bien froid, cet air doux voile mon primaire. Et là, le sèche-cheveux n’y fera rien. Il en faudrait un de maison, sur 220 v. En attendant, je branche le ventilateur pour faire prendre environ 2°C à mes 6kg de verre. On y contribue aussi en mettant le fond du miroir vers la brise.
« Eh, Robert, tu n’as pas de problèmes avec ton primaire ? »
« Non, non, chez moi c’est propre »
« Bizarre, bizarre »
Mais je le vois qui cherche partout (secondaire, paracorr, oculaire) car ses images sont bien ternes.
Du coup, il défait la jupe au niveau du primaire, pour constater qu’il est également voilé. Il branche les ventilos, ouvre pour aérer, et on attend….
Peu à peu, je vois le centre de mon miroir s’éclaircir, puis un trou se fait dans la buée, qui progresse vers l’extérieur.
23h40 Les miroirs sont propres, le moral revient !
Par rapport au début de soirée, le ciel est devenu plus laiteux et on voit des nuages sur l’horizon sud. En revanche, la turbulence a graduellement diminué et on retrouve des étoiles plus ponctuelles.
Le bon côté des choses, c’est que nous n’avons plus de problèmes de buée nulle part !
Les scopes étant fonctionnels, on admire les galaxies, M81 et 82, 2403 dans la Girafe, 2903 dans le Lion.
Les Gémeaux étant très hauts, nous cherchons la neb. De la Double Bulle, que j’espère mieux voir (et grossir) dans le 400. Mais ce n’est pas mieux que d’habitude. Au bout d’un moment, Bob s’aperçoit qu’il a oublié de régler le paracorr. C’est dommage, je crois que ça explique le mauvais résultat sur la Double Bulle. A revoir, donc.
Nous terminons donc l’observation à l’inspiration : NGC2392 l’Esquimau, M108 , le Hibou…
01h00 Brise sud, 0°c, Jupiter n’étant pas terrible, je finis par Orion.
La Lune se lève, les nuages envahissent le ciel, il est temps de plier.
Nous convenons que la séance fut globalement bonne, surtout au vu des prévisions météo pour la semaine !