Meilleure sortie de début mai

Bonjour

Nous sommes le 1er mai, nuit claire prévue, je m’apprête à faire une deuxième nuit blanche d’affilée, étant libre sur plusieurs jours.
En revanche, je serai seul, Robert ayant décidé de se réserver pour les nuits suivantes.

Pourtant, j’y vais à reculons .Hier, dans le Médoc, au nord du lac d’Hourtin, nous avons eu nuit claire mais mauvais seeing, et les prévisions de Météoblue ne sont pas meilleures pour cette nuit.

Ah, il faut que je téléphone aux chasseurs ; je vous explique :
Il y a quelques jours, nous étions déjà tous les deux-là, dans les Landes, scopes montés, quand nous avons vu arriver deux 4X4 . Deux chasseurs en descendent, souriants, et nous expliquent qu’ils se postent pour tirer le sanglier en face de nous, de l’autre côté du champ .C’est loin, mais l’un des deux nous précise qu’ils tirent à balles, et, en ce qui le concerne, au 7.62, calibre de guerre américain ! Du coup, ce n’est pas loin du tout ! Et de nous expliquer que, nous sachant là, ils tireront à droite ou à gauche mais pas vers nous !!
Alors là, je suis rassuré !!
L’un d’entre eux a une dérogation pour tirer jusqu’à 22H00, mais ça laisse largement le temps de s’en prendre une !!

Donc, ce soir, j’appelle l’un des numéros qu’ils m’ont laissés :
« Ah, non, ce soir on ne vient pas, nous en avons déjà tiré cinq lors d’une battue administrative »

OOOOHHH, quel dommage !!

Une fois sur place, le temps est très beau, mais je vois quelques cirrus au loin, au nord et à l’ouest.

Après montage et collimation du 410 DF, je me fais une belle observation de Juju à 225x. A ce stade, déjà, je trouve que le seeing n’est pas si mauvais que prévu.
J’aime bien observer Jupiter quand il fait encore clair. Mais ce soir, la lumière résiduelle à l’horizon ouest m’oblige à poser prématurément le pare buée, qui sert de baflage pour l’occasion.
J’ai la chance de voir la GTR, et les grands vortex qui la suivent.

Après cette longue observation, l’ombre gagne peu à peu.

Il fait sombre, mais pas totalement.
C’est le moment de tester sur des objets lumineux, et en cette saison ce sera M3. Il passe bien, lui aussi, à 225X, avec des étoiles fines, ce qui me confirme ma bonne impression sur Jupiter.

23H00 j’essaie les Antennes : c’est trop faible, mais il n’est pas sûr qu’il fasse assez sombre.
Le globu M68, en dessous, est mieux vu, bien sûr.

Je ne sais pas quelle ville, au loin, au nord-ouest, éclaire les cirrus. Ca nuit un peu à l’ambiance.

Il fait maintenant bien sombre. Les galaxies de la Vierge seront un vrai test pour les conditions.
De fait, M61 montre ses spirales !! Plus haut M99, également !! Ça fait un bon bout de temps que je ne les avais vues !!
Décidément, Météoblue s’est planté !!
Je regrette déjà que Robert ne soit pas venu, mais c’est plein d’espoir que j’entame une revue de beaux classiques.
Ainsi le Triplet Du Lion, où j’observe les spirales de M66, et NGC2903 dont les deux spirales se laissent observer sans gros efforts.

Pas de détails intéressants, en revanche, sur le trio M95, M96, M105.

Au bout de la Grande Ourse, M51 et M101 montrent bien leurs spirales, mais il me semble que la turbu a un peu augmenté, rendant l’image moins précise.

Non loin de là, M106 montre bien ses deux spirales, dont une plus lumineuse, mais surtout j’ai une impression saisissante de vue en 3D, c’est magnifique !!

Minuit tempé .0°C, humidité 75 °/°, rosée faible, une légère brise demeure.

Je saute de l’autre côté de la Grand Ourse pour voir M81 dont la spirale principale se révèle facilement. Agréable et reposant !
M82, elle, semble éclaboussée d’étoiles, comme sur les photos !

Au chapitre beaux objets, je continue par M104, le Sombrero, qui m’évoque habituellement un abat-jour plat. On voit toujours la lumière au-dessous de la bande de poussière. En regardant bien, j’en vois aussi un peu au-dessus.

Remontons en déclinaison vers M64. En ce moment, j’ai un sentiment bizarre : je suis gêné par la différence entre la partie noire,(l’œil) bien délimitée, et le bord extérieur de la galaxie qui me semble indéfini et vaporeux…

Je reste dans le coin pour voir la galaxie de l’Aiguille (NGC4565) qui me parait bien coupée au niveau du cœur.

Bon, c’est bien beau de regarder des classiques, mais quand les conditions sont bonnes (pas géantes mais bonnes tout de même) il faut en profiter pour se pencher sur des objets plus difficiles.

En restant dans la Chevelure De Bérénice, j’observe maintenant l’Amas De Coma, centré sur la galaxie NGC4889, qui est la plus visible -environ 320 millions d’a.l.-
Ca grouille de galaxies, dont beaucoup qu’on devine à peine en vision décalée. Comme pour nombre de ces objets, j’aimerais voir ça dans un grand diamètre ! (600 et plus)

Encore plus lointain maintenant, le Septet De Copeland, sur le dos du Lion. CA passe bien à 225X, je dénombre les galaxies, mais le 6MM ne passe pas, question turbu.

En revenant dans la Chevelure, passons à un objet que j’ai découvert la veille, dans le Médoc : Mice galaxies (les Souris). Il s’agit d’une collision de deux galaxies, situées à 290 millions d’a.l. ,(coord. 12H46’10’’ et +30°43’55’’). C’est un objet étonnant. En effet, les galaxies paraissent petites et faibles, pourtant, la queue de marée gravitationnelle qui leur a donnée leur nom, lumineuse et parfaitement rectiligne, reste tout à fait visible, même quand les conditions ne sont pas au top (pas pourries, quand même, et il faut un ciel noir). Si l’on excepte le fameux ‘’pont de matière’’ de M51, c’est la première queue de marée que je vois. En photo, c’est très joli. C’est comme ça que j’avais sélectionné l’objet.

Dans ce coin particulièrement prolifique, je retourne voir ‘’The Box’’ allias Hickson 61 (coord 29°10 , 12h12’) quatre galaxies formant un rectangle, dont deux par la tranche. L’objet est visible, certes, mais les photos me donnent envie d’une meilleure image. Je deviens dificile.

Il est maintenant 01H35, température entre -1 et -2 degrés, humidité 80 °/°, ce qui est très bien pour cette heure dans la région.

Je monte un peu plus haut dans le ciel, histoire de faire une pause dans la chasse aux tachouilles avec la Baleine (NGC4631) qui est pleine d’irrégularités, de nodosités lumineuses, et qui plus est, de belle taille.

Tout près, je me dirige vers la Crosse De Hockey. Elle aussi a des particularités intéressantes : la partie lumineuse est très irrégulière en luminosité, mais c’est surtout le ‘’manche’’ qui est étonnant. Au-delà de la nodosité la plus lumineuse, il y a une longue prolongation très faible, qui demande un peu de v.i., et qui reste bien dans l’axe.Je ne l’avais jamais vue au 300mm. Après l’avoir vue hier déjà, je suis allé vérifier sur les photos, car j’étais très surpris.

Presque sous Arcturus, je reviens voir une galaxie que je connais bien : NGC5248. Ses deux spirales sont tout à fait évidentes cette nuit, ça fait toujours plaisir.

Maintenant, un petit retour dans la Vierge, sur un objet, pour moi nouveau, NGC4216 (sous M99, à la fin du PSA carte C) L’intérêt est qu’on peut voir dans le même champ trois galaxies vues par la tranche, dont une un peu faible, mais l’ensemble est agréable. (Demande de bonnes conditions pour en voir trois)

Allez, hardi, on reprend la chasse aux tachouilles , dans la Couronne Boréale, avec Abell2165, mag 15,1 !
Bon, ben, là, c’est trop ! C’est la deuxième fois que je le cherche, et avec une telle magnitude, il faudrait au moins une carte de champ précise !

En revanche, Abell 2151, l’Amas d’Hercules, s’il est lointain et difficile, est néanmoins visible (juste devant la tête du Serpent)

Il est 02H50, tempé -3°C humidité 85 °/°, ça reste bon !

Je me tourne vers le Dragon, pour changer un peu, avec la belle galaxie par la tranche NGC5907. Le but est de vérifier ce que j’ai lu : le cœur est effectivement traversé par une barre sombre, mais c’est faible et ne se voit qu’en v.i.

Dans le virage en épingle du Dragon, je passe sur NGC6543, l’Œil De Chat. A 562X, il laisse apercevoir sa structure d’ovales imbriqués, avec une encoche en bas. Pour voir mieux, il faudrait un moment vraiment très stable.

L’heure tourne. La Vierge s’en est allée. Au bout de ses pieds, je visite l’incontournable M5. Je reste un moment en contemplation devant les chapelets d’étoiles qui s’évadent du cœur, en lignes sinueuses.

Puis, légèrement à l’ouest de M5, j’inspecte la galaxie NGC5775, vue par la tranche.

Je vais maintenant finir la nuit au feeling sur quelques objets qui me tentent.

Je reviens donc sur M101 et M51 dont les spirales, proches du zénith, m’attirent à chaque fois. Il faut en profiter car les mois prochains, elles vont peu à peu décliner.

Depuis M51, je dérive vers le couple de galaxies en interaction NGC4485 et 4490. On voit la déformation due aux effets de marée. C’est une belle cible !

Que reste-t-il ? Un coup d’œil à la nouvelle comète de Dédé, 252P Linear. Elle se trouve facilement au chercheur au bout d’Ophiucus. C’est loin d’être une tachouille. Un centre lumineux, une vaste coma….et pas la moindre queue détectable.

04H30 Les cultivateurs ont mis en marche des canons à gaz contre les sangliers. Pas proches, heureusement, mais bruyants tout de même.

Il n’y a plus que le planétaire pour finir.

Mars, bien sûr, plutôt à 225X, ça manque de stabilité, j’ai du mal à identifier les reliefs.

Puis Saturne, également 225X. Division Cassini, 4 lunes, belle vision mais les anneaux vibrent un peu par intermittence avec la turbu. Je ne trouverai pas Encelade !

C’est fini, le ciel s’éclaircit, il faut tout ranger, et partir dormir plus loin des canons à gaz, sous les chênes. En plus, je ne serai pas réveillé par le soleil et la chaleur. Et dans l’optique de partir à la montagne pour la nuit prochaine, j’ai intérêt à dormir !