Le lendemain matin,des cirrus apparaissent
17 janvier 2018 Hautacam 1650m
Avec tous ces nuages bas sur la plaine, il y avait longtemps que je désirais retourner à la montagne.
Eh bien m’y voilà !
J’arrive de nuit, mais il n’est pas prévu que le relief se dégage tôt .En ce moment, les créneaux de temps clair sont courts, j’arrive donc juste à la fin du mauvais temps. Le ciel est en partie étoilé, les derniers nuages évacuant peu à peu.
Je me suis bien habillé avant de monter au col, ce qui m’évite de me retrouver torse nu par moins cinq avec de la brise, ce qui m’est arrivé parfois.
Justement, la brise, c’est là la question !
Tous les modèles météo sont d’accord pour dire que ça va se dégager, avec des variantes dans les heures, mais la fourchette est large pour l’estimation de la force du vent.
En arrivant, la brise me parait jouable, mais le temps d’envoyer quelques sms, je constate que dans les rafales, c’est tout autre chose.
Je m’installe d’habitude en bordure de parking, mais aujourd’hui ce ne sera pas possible.
Je sais, pour l’avoir déjà essayé, que mon monospace est insuffisant pour bloquer le vent, qui passe au-dessus et par les côtés en tourbillonnant. Il me faut donc un autre abri, plus grand.
Il n’y a qu’un bar et l’observatoire, avec sa coupole, en bord de parking. Le vent est ouest-sud-ouest, je me mets donc au nord-est, derrière l’observatoire. C’est la première fois que je monte le scope dans la neige. Heureusement, elle est tassée, et elle ne vole pas.
A 22H20, j’ai fini de régler le scope, et, à la place de mon grand pare buée habituel, je monte un bafflage
en mousse pour protéger le secondaire des lumières incidentes, dans le but d’avoir une prise au vent minimale.
Je suis assez bien protégé par les deux bâtiments, il suffit d’aller voir sur le parking pour s’en convaincre. Température : moins 5°C, humidité relative 82 %
Je débute par Orion, bien sûr. Je le trouve assez turbulent, même à 150X et très peu coloré.
Aïe, tout d’un coup je suis dans le nuage, et je n’ai rien vu venir !
Je n’ai plus qu’à glander, en attendant que ça se dégage. Boisson caféinée, grignotage…
Le ciel se dégage peu à peu sous mon regard anxieux
23H10 Ca y est, tout est dégagé, espérons que c’est définitif.
Et quel plaisir d’avoir un ciel étoilé après tout ce mauvais temps !
Les pieds de mon escabeau s’enfoncent un peu dans la neige tassée, mais on peut quand même s’équilibrer.
En haut d’Orion, j’opte pour la NP 2022 , que j’avais trouvée tellement verte le 19 novembre, sur ce même col. Hélas, elle n’est guère colorée, à cette heure !
Les oculaires s’embuent très très vite, c’est une plaie ! Ils sèchent également très vite. Je ressors donc la batterie et le sèche-cheveux 12v. A la montagne, je n’ai pas l’habitude, mais normalement j’y arrive quand le beau temps est déjà établi.
Plus bas que M42, j’essaie la nébuleuse du Trou-de-serrure (ngc1999) …Je ne peux pas trop grossir, il y a de la turbu. Et il n’y a pas de satellites géostationnaires, c’est plutôt rare !
Dans le Grand Chien, j’essaie le Casque de Thor, qui est correct (12+OIII ou UHC)
Je vais faire le contemplatif de base, vu les circonstances. Si je l’admets dès le début, ça se passe bien dans ma tête, alors que si j’arrive avec des idées d’Arp, Hickson et autre UGC, je vais faire la grimace !
Donc j’observe sereinement tous les Messier du coin, en passant par les amas ouverts que d’ordinaire, je ne regarde plus guère, et le temps passe ainsi.
De temps en temps, le scope est vraiment secoué par des rafales dont les rouleaux font le tour des bâtiments ; Heureusement, la structure bois et carbone amortit très efficacement les vibrations. Peut-être la masse importante de l’ensemble y contribue-t-elle également ?
Les problèmes d’humidité sur les optiques se sont vite arrêtés, quel soulagement !
Le vent, au fil des heures, est réfrigérant.
J’essaie donc un nouveau dispositif : par-dessus mes trois caleçons longs et mon pantalon de ski, je fixe des ‘’jambières’’ ( ? qui ne prennent que les cuisses, les tibias étant dans mes boots) que j’ai fabriquées avec des chutes de polaire, et qui se ferment avec des velcros. Et par-dessus tout ça, je mets une sorte de k way (prétendument respirant) en taille XXL. Sûr que là, je n’ai pas froid du tout.
Après minuit, visite des Gémeaux avec le Vagabond (ngc 2419), le Nœud Papillon (ou Double Bulle), la Rosette (31+OIII, j’ai d’ailleurs oublié le 42 pour la voir en entier), les deux nébuleuses de la Méduse ( IC443 et Abell 21)
01H30 Le vent se coupe d’un coup ! Serait-ce fini ? Que nenni, ça reprend aussi sec !
Moi aussi je reprends l’observation avec de nombreux objets, certains jolis, comme ngc2841 (G.O.)
Ou M106- et même un UGC (le Signe Intégral UGC3697) mais ils sont tous marqués par la turbu.
En tout cas, ça passe le temps agréablement, même si la brise fait souvent gigoter mon pare-lumière.
02H05 Il y a du nouveau : la tempé remonte à moins 2°C (ce qui était prévu) , humidité 74%
Cela signe un changement de masse d’air, et au début, qui dit changement dit mélange : un coup d’œil à Orion, qui décline, me montre une très forte turbu !!
En revanche, la nébuleuse se révèle très colorée !!! De même la NP 2022 redevient verte..
Bientôt nous passons à moins 1°C, et avec une telle turbu je décide un petit somme dans la voiture pour faire passer un coup de barre.
03H30 Je sors de la voiture, mais il faut aussi sortir la tête du pâté : 10 mn au pas gymnastique sur le parking, caféine, un bout de pain, et on y retourne.
Un test, dans le Lion, ngc2903 : je vois les spirales, mais ça reste pâteux.
04H10 le Triplet est sympa, avec les spirales de M66, la barre de 3628…
En revanche, inutile de viser un objet trop bas comme le Antennes, désastreuses. Peut-être sont-elles visuellement trop proches des montagnes, d’où des problèmes de turbu dus au relief ?
04H30 M51 est un plaisir, les spirales, le pont de matière. Plus dur, M101 est un peu faible mais les spirales sont visibles.
Passons à la Chevelure de Bérénice : M64 et l’Aiguille (4565) sont belles, il semble y avoir du changement.
Avec cet espoir, on se tourne vers les Souris (NGC4676 A et B ) C’est faible et lointain (300M A.L.), mais la queue de marée est visible !!
Une heure avant, je n’aurais jamais pu la voir !
Toute proche (en apparence) allons voir ‘’The Box’’ (Hickson61). Ce remarquable ensemble de galaxies se laisse détailler dans de bonnes conditions.
Là-dessus, je pars voir deux ‘’grosses’’ NGC de la Chevelure : d’abord ‘’Koïfish galaxy’’ (mon IDSA est en Anglais) . La structure est en partie visible. Je m’aide des photos de l’Atlas Ngc pour repérer les choses. Peut-être plus surprenant, la galaxie est repérable au chercheur (60mm)
Puis NGC4725 dite ‘’the Fighter’’ ; Déjà, elle est également décelable au chercheur. Il ne reste plus qu’à mettre la croix du réticule éclairé dessus pour la pointer. Puis, ayant vu (entre autres) le dernier opus de la série Star Wars, je comprends son surnom : un noyau lumineux, une barre qui le traverse et ressort bien de chaque côté, une petite ‘’coquille ‘’ à chaque bout, ça ne vous rappelle rien ?
Si un chasseur est là, les forces de l’Empire ne sont pas loin !!
Cette observation-là est très satisfaisante, l’image étant proche de la photo de mon Atlas Ngc .
Qui l’eut cru ?
Je passe par M53 (pourquoi pas) et même le globu NGC5053 est facilement visible maintenant.
Il est 05H45, l’heure tourne, il faut essayer de profiter de ces bonnes conditions
Faisons donc un tour dans la Grande Ourse, sur sa patte arrière : NGC3893 . Une longue spirale partant du dessous et qui remonte côté gauche est facile à voir, l’autre, plus discrète, est néanmoins perceptible.
Je mets pas mal d’espoir dans NGC4088, mais une seule spirale est bien visible et bien détachée.
Maintenant, vu l’heure, j’essaie de faire durer en retournant vers la Vierge et la Chevelure, au gré de mes envies, pour une foire aux galaxies.
Une chose remarquable cependant, M100, pourtant peu contrastée, me révèle partiellement une de ses spirales !
07H00 Le jour se lève, les véhicules commencent à circuler, mais la brise ne faiblit pas.
La tempé arrive presque à 0 degrés, humidité 70%
Jupiter, actuellement dans la Balance, est assez turbulent.
A cette heure je suis trop couvert, et je vais tâcher d’aller dormir dans ma voiture, pour rêver de cette nuit, sous le signe du vent.