La Super Lune de Sang 2019… noyée dans les nuages
Encore frustrée de la dernière éclipse de Lune, celle de juillet 2018 où les nuages s’étaient invités à la fête, j’espérais beaucoup de celle-ci. Malheureusement, les prévisions météo étant bien pessimistes le dimanche soir, on a dû se résoudre à faire une croix sur cette « Super Lune de Sang » .
Pour le boulot à Denis, le réveil sonna à 5 h. En allant voir dehors, je constatais que les nuages n’étaient pas aussi épais que prévu et quelques trouées étaient présentes. Je sortais de la maison et regardais à l’ouest. La vision d’une Lune qui était déjà à moitié immergée dans l’ombre de la Terre me galvanisait. J’appelais Denis pour qu’il profite lui aussi du spectacle. Au vu des belles trouées qui nous laissaient bien voir le spectacle céleste, je filais vers la pièce de la maison où nous gardons le matériel. Je récupérais vite fait mon sac photo, la StarAdventurer et son trépied. On était à Ayguemorte-les-Graves, près de La Brède, pour le week-end et il fallait rentrer sur Eysines, dans la métropole bordelaise, pour la semaine. Je remis mon départ à plus tard.
Denis dut se résoudre à aller au travail, me laissant seule avec Chara, notre chienne, pour tenter d’apercevoir la vedette du moment. On voyait encore, par intermittence, les rares éclaircies qui laissaient percevoir le fin croissant lunaire encore illuminé par le Soleil avant d’entièrement se cacher dans l’ombre de notre planète. Le temps de tout installer, les nuages s’étaient refermés en s’épaississant.
La longue attente commença. Je savais qu’à 6 h 45, si les éclaircies ne se montraient pas, il me faudrait attendre 2022 avant de pouvoir revoir une si belle couleur rouille sur l’astre sélène. Je pistais, regardais, scrutais les différences dans la chape nuageuse, espérant voir un nuage qui serait moins épais et qui pourrait se déchirer partiellement le temps de son passage devant la Lune. Mais parfois, j’avais l’impression que c’était le contraire… une trouée arrivait du nord et se refermer pile au moment de passer à hauteur de la Lune… Maiis ! Euuuh ! J’étais maudite !!!
Cependant, mon attente fut partiellement récompensée, me laissant entrevoir une partie de notre satellite naturelle teinté de rouge sombre. Cela ne dura qu’une seconde ou deux, juste le temps de réaliser mon cadrage et la mise au point. Quelques minutes plus tard, un autre rideau se leva et me permis de déclencher la photo. Mais sur les 5 secondes de pose, la Lune ne montra qu’une partie d’elle durant 2 secondes.
La revue rapide de l’image sur l’écran de l’APN me laissa sur ma faim… j’en voulais plus ! Ce n’était pas possible de ne me donner que ce petit bout sans rien de plus ! Je fulminais… et mon attente repris.
Chara insista pour rentrer dans la maison. Elle commençait à avoir froid et ne comprenait pas pourquoi je restais à l’affût ainsi, bien qu’elle avait l’habitude de nos sorties nocturnes avec Denis. D’habitude, durant nos séances astronomiques, elle chassait de son côté. Mais là, dans le jardin de la maison, rien ne bougeait, rien ne présentait un intérêt quelconque pour ses sens canins. Alors, je lui ouvris la porte et elle fila se lover sur le canapé.
Les minutes s’égrainaient... les voitures qui passaient sur la route, se faisaient plus nombreuses. Les maisons commençaient à s’allumer et les sorties de chaudières et poêles fumaient. Au loin, un coq chantait, un chien aboyait. Je commençais à avoir un peu froid. Je serais bien rentrée quelques minutes pour boire un café chaud mais je risquais de louper une nouvelle éclaircie. Je savais que plus la Lune descendait sur l’horizon ouest, moins j’avais de chance d’avoir une bonne éclaircie. Il aurait fallu un sacré dégagement… Malgré tout je gardais espoir !
Revenant de sa balade nocturne, la petite chatte, prénommée Vénus, avait pris la place de la chienne en s’asseyant à mes côtés et en tentant de comprendre ce que j’attendais. Au bout de quelques minutes, elle se lassa. Elle se leva et, d’un bond, monta sur la table de jardin pour grignoter quelques croquettes mises là à son attention.
L’heure de la fin de la totalité arriva et je savais que c’était fini. Malgré tout, je tentais d’apercevoir la sortie de l’ombre. Mais le froid et la déception me poussèrent à entrer dans la maison afin de retrouver un peu de chaleur. Je téléchargeais ma pose unique… on ne voit pas grand-chose. Je verrais bien ce que je peux en faire.
A nouveau dehors, je pliais le matos et le rangeais dans la pièce « astro ». Revenue dans la cuisine, je pris un petit-déjeuner. Pourtant je n’avais pas faim… mais je devais rentrer sur Eysines et je savais que la route serait longue… Après 7 h 30, les bouchons étaient d’usage entre l’autoroute et la rocade. Je fis bien de manger car j’ai mis une heure de plus qu’habituellement pour rentrer chez moi. Est-ce que ça a valu le coup ? Oui, tout simplement oui ! La passion… quelle drôle de chose quand même… être heureuse après une Super Lune de Sang noyée dans les nuages !
Photos prises le 21 janvier 2019 à Ayguemorte-les-Graves (33) – Canon 400D avec objectif 90-300, ouvert à f/5.6, focale à 300 mm, sur monture StarAdventurer (sans goto, ni autoguidage).
1 pose de 5s – ISO 400 – Camera Raw et Toshop.
Cliquez sur l'image pour voir la full en tiff.