L’anticyclone de début janvier ayant enseveli le sud-ouest sous une épaisse couette de nuages bas, je décidai de tenter la montagne, les Pyrénées étant normalement épargnées dans ce cas.
Pourtant, quand je pris l’autoroute vers le sud ce samedi 5 janvier, il faisait, pour une fois, un temps magnifique en plaine.
Et paradoxalement, on voyait, de très loin, des nuages lenticulaires au-dessus des Pyrénées.
Le flux étant de nord, fort au niveau des sommets, vers 3000m, la présence de lenticulaires paraissait logique, le problème concernant le fond de chaine et l’Espagne.
On a beau raisonner ainsi, cela reste inquiétant, venant du ciel bleu, de se diriger vers les nuages.
Arrivé au col, je constate effectivement que les nuages sont plus au sud. Cependant les trainées d’avions ont une fâcheuse tendance à s’étaler côté Français. Mais la nuit arrivant, le trafic aérien va fortement diminuer.
Le w.e., il y a toujours beaucoup de monde au col de Tramassel (station du Hautacam), mais la plupart des gens partent vers 18h00. Le bar ‘’Le Tramassel’’ ferme également
Et nous nous retrouvons à deux astrams (mon copain Robert m’ayant rejoint pour une nuit)
Nous avons nos habitudes sur ce col,et chacun monte son 16" à son endroit préféré.
Plus tard, un autre astram nous rejoint pour faire des photos de filé d’étoiles.
Encore après, une autre voiture arrive (phares) avec 2 astrams, mi photographes mi observateurs.
Pendant assez longtemps ils me font grincer des dents, utilisant des lumières blanches (c’est le côté photographe)
Maintenant ils montent un 400 Lightbridge et ça se passe mieux. Ils viennent demander un dépannage laser, le leur étant hs (ne pas acheter de Baader Mark 3, c’est pourri, nous-mêmes en avons déjà 2 en panne) En fait, nous ne parvenons malheureusement pas à collimater ce scope, le secondaire ayant un problème qu’ils devront réviser de jour.
Toujours est-il qu’après 2h du mat., nous nous retrouvons tout seuls pour le reste de la nuit.
Entre temps, la transparence s’est bien améliorée, les conditions sont plutôt agréables : en moyenne –4°c, et de petits coups de brise erratiques, mais rien d’insupportable ; nous avons déjà eu beaucoup plus froid sur ce même col.
Et surtout, un air sec que nous trouvons délectable : aucun problème pour laisser les mallettes ouvertes, les atlas en plein air etc…(attention tout de même aux feuilles libres que la brise pourrait emporter ailleurs)
---Dimanche 6 janvier
Cette fois je suis seul. Robert est reparti.
Je crains un peu la météo de cette nuit, censée être mitigée. La journée en tout cas est splendide : tempête de ciel bleu ! Et il est d’un bleu plus franc à la montagne : en regardant la mer de nuages sur la vallée et la plaine au loin, je me sens privilégié !
Hélas, ça ne pouvait pas durer : vers 18h des voiles arrivent….et je râle !!
20h00 il y a énormément d’étoiles, je pense que les voiles sont partis, je me sens mieux !
Un bon brouillard bloque la p.l. dans les vallées et la plaine vers le nord.
L’ambiance est bien plus sombre que d’habitude sur ce site, surtout vers l’ouest.
J’apprécie ! (et dans la vallée ils vont se coucher, ils n’ont pas besoin de ciel clair)
Sur la crête frontière, les lenticulaires restent présents, signe que le vent de nord reste sérieux en altitude.
Je fais un essai sur la nébuleuse de la Bulle (12mm +UHC) dans Cassiopée et elle sort bien. C’est un bon test pour les conditions.
J’ai des coups de barre : il est bien difficile de dormir correctement sur ce parking en w.e., il y a trop de monde, trop de bruit.
Bien entendu, j’observe de nombreux objets, que je n’énumèrerai pas pour ne pas ennuyer mes honorables lecteurs.
Juste quelques objets remarquables : avec le filtre H Béta, la nébuleuse California se montre très franche, longue, avec un virage bien marqué et évident.
De même la Tête de Cheval (toujours au H béta) est également évidente, se détachant sur l’Epée.
Mais là je prends un 24mm car il faut absolument sortir Alnitak du champ.
En moyenne l’humidité varie entre 52 et 54% (un rêve) et la température vers –4 -5°c .La brise variable reste raisonnable. Elle oblige tout de même à être très couvert.
A 05h00, les nuages envahissent le ciel par l’ouest tout d’un coup.
Je décide de démonter le scope pour aller dormir ailleurs au calme.
A 06h00, le ciel est de nouveau clair !!
---Lundi 7 janvier
J’avais prévenu ma femme au téléphone de la possibilité éventuelle que je reste une nuit de plus (il faut toujours préparer le terrain)
Or le temps semble jouable, le ciel magnifique. La vallée et la plaine, toujours dans la crasse, ne me donnent pas du tout envie de redescendre !
Donc, la journée, je lézarde au soleil, et je pars sur une troisième nuit d’observation.
Ayant bien dormi dans un coin calme jusqu’à midi, ça devrait aller.
En début de nuit, deux tests :
D’abord NGC253, galaxie du Sculpteur, qui montre des détails.
D’autre part, toujours la nébuleuse de la Bulle : à l’extérieur de la bulle elle-même, (côté bombé), il y a une nébuleuse diffuse, visible aujourd’hui sans difficulté, et ça, c’est bon signe !
A partir de minuit on aperçoit des nuages menaçants sur les Pyrénées occidentales et un peu au n.o., mais tant qu’ils restent là-bas…
Il est une chose que je ne fais qu’à la montagne : regarder la nébuleuse de la Rosette (Licorne) entière, au 42mm +OIII. Ailleurs, cet oculaire ne me sert à rien !
Les conditions sont assez variables : certains objets me font plaisir, d’autres me déçoivent, rien de constant.
Peu à peu, la brise, elle, devient plus constante.
Le bonnet doublé laisse passer l’air et la capuche fourrée, très efficace, a le tort de ne pas tourner avec la tête. Je détache donc la capuche d’une autre veste pour la mettre sur ma tête, tenue par le cordon élastique de ma lampe rouge. Pour le reste, quelques tours de parking au pas gymnastique avec des boots de 1500g aux pieds suffisent à me réchauffer (au moins pour un bout de temps)
Sur les trois nuits,ça m'aura fait pas mal de tours de parking!
En approchant de 5h du mat, je pense que le ciel devient légèrement laiteux, et il ne parait plus aussi noir.
Paradoxalement, les galaxies de la Vierge se mettent à me montrer leurs spirales, ce dont je suis friand.
Par exemple NGC4536, (proche de Dénébola) qui est remarquable.
Une autre ? Dans le Corbeau, à part les Antennes (correctes mais peut mieux faire), juste à droite, il y a NGC4027 (ARP22). Le bras de marée est parfaitement visible !
En fin de nuit, la lumière de Vénus diffuse : on voit bien que le temps change.
Après une matinée passée à dormir au calme, je vois que les nuages arrivent. Il fait encore bien clair mais la météo tourne peu à peu au mauvais.
D’ailleurs, il n’y a même plus de brouillard dans la vallée : je vais donc pouvoir redescendre !